La Bibliothèque de Schœlcher

Les monuments historiques de Fort de France sont rares : un gigantesque incendie détruisit trois quarts la ville en 1890. Ceux qui existent sont tout à fait remarquables et méritent le détour. Étant dans la capitale de l’île, touriste ou habitant, visitez la Bibliothèque Schoelcher, elle ne manquera pas de vous surprendre.

La Bibliothèque

Le bâtiment est très original par bien des aspects. En premier lieu, c’est un splendide édifice que vous identifierez facilement à son élégante façade aux mosaïques jaunes et rouges. Une toiture métallique et une coupole de verre la coiffent. Savant mélange d’inspiration byzantine, Art nouveau, art égyptien et classique occidental, son style est absolument unique.

L’architecte Henri Pick travaille à sa construction à partir de 1887, dans le Jardin des Tuileries. Selon l’inscription aux Monuments historiques, l'ouvrage représenta le pavillon de l’Indochine de l’Exposition universelle de Paris de 1889. Elle est ensuite démontée, transportée et remontée après moult péripéties pour abriter le leg du grand Victor Schœlcher. Il s’agit d’une collection de 10 000 livres anciens et 250 partitions que l’incendie de 1890 dévora en grande partie. La Bibliothèque Schœlcher ouvre cependant ses portes en 1893.

La Bibliothèque Schœlcher à Fort-de-France porte le nom du très célèbre donateur du premier fonds. Cette collection était notamment destinée à l’instruction des anciens esclaves de l’île. 

Victor Schoelcher

Victor Schœlcher est né à Paris le 22 juillet 1804 et mort à Houilles le 25 décembre 1893. Journaliste, homme politique, député de Martinique et de Guadeloupe et abolitionniste, il lutta toute sa vie pour cette cause. L’aboutissement de ces efforts tenaces fait reconnaître Victor Schœlcher comme un acteur majeur du projet et de la rédaction du décret Abolition de l'esclavage signé le 27 avril 1848. Il avait aussi réclamé l’abolition de la peine de mort, l’interdiction de la bastonnade des bagnards.

Il a aussi bataillé pour l’obligation des Chemins de fer de fournir des wagons de 3eime classe fermés. Après la Commune de Paris, il est élu sénateur à vie par l’Assemblée nationale. Il repose au Panthéon depuis 1949. Il y entre avec Félix Eboué, écrivain guyanais, haut fonctionnaire et fils d’esclaves émancipés en 1848.

La visite de la bibliothèque Schoelcher

La bibliothèque Schœlcher abrite un fonds dédié à celui qui en fut à l’origine. Il rassemble de nombreux documents biographiques, des ouvrages inédits, de la correspondance, et de nombreuses images. Il contient aussi des articles et documents relatifs aux événements organisés autour de sa personne et de son œuvre.

D’autre part, elle se distingue par un important fond ancien antillais. Il comprend entre autres une riche collection de manuscrits du XVIIe au XIXe siècle et la correspondance des hommes de pouvoir dans les Îles à ces époques. Des registres témoignent de la vie quotidienne des plantations, des esclaves, des marchands négriers. Les livres de comptes renseignent sur les productions de canne au temps du Code Noir. L’on trouve aussi des périodiques et des cartes postales anciennes. L’ensemble permet une juste représentation de ce qu’étaient les Colonies avant l’abolition de l'esclavage.

En vous promenant à l’intérieur, vous pouvez en apprécier la structure métallique porteuse. Vous remarquerez aussi les carreaux de ciment au sol et les boiseries de la bibliothèque ancienne. Son plafond est un ouvrage très réussi, esthétique et gracieux. Enfin, vous garderez à l’esprit que la grille et le jardin sont aussi classés comme parties du Monument historique. Vous prendrez le temps d’en admirer les beautés !