Où trouver de la langouste en Martinique ?
La langouste, rien qu’en prononçant ce mot, vous avez l’eau à la bouche enfin pour ceux qui aiment les crus...
Ce phénomène est apparu aux mois de mai/juin 2011 et a disparu en octobre de la même année, a envahi massivement les côtes Martiniquaises. Un phénomène qui se répète chaque année depuis 10 ans à la même période, mais trois périodes importantes qualifiées de crise ont été retenues notamment en 2011, 2014-2015 et 2018-2019. Sa couleur et ses fortes odeurs nauséabondes qui émanent ne vous laissent pas indifférents. Ainsi, vous êtes nombreux à vous interroger quant à l’origine des sargasses, connaître leur niveau de dangerosité, les précautions à prendre.
La sargasse est une algue brune, scientifiquement appelée sargassum. Les dépôts peuvent mesurer un mètre d’épaisseur qui permettent aux espèces marines particulièrement les tortues de trouver leur nourriture et de se protéger de leurs prédateurs. Cette algue vit essentiellement à la surface de l’eau de mer et se prolifère massivement dans les eaux tropicales.
Vous pourriez croire que les sargasses proviennent de la Mer des Sargasses, mais ce n’est pas le cas cette fois-ci. En effet, selon une étude menée par le CNES en 2018, d’importants moyens aériens et satellitaires ont été déployés afin d’étudier les hypothèses sur l’origine de ces algues qui échouent sur les plages martiniquaises.
Quelques scientifiques ont étudié le parcours des sargasses grâce aux satellites et ont démontré que celles-ci proviendraient du Nord de l’embouchure de l’Amazone, au large du Brésil ; il semblerait que des bancs de sargasses se forment aussi à partir de l’Afrique de l’Ouest, à l’embouche du Congo et sont ramenées par le courant sur les côtes antillaises.
Vous devez certainement vous demander, quel est le rapport avec l’Amazonie ? Il s’avère que l’Amazonie subit une déforestation depuis quelques années, notamment 2015, laissant place à des exploitants agricoles qui utilisent des engrais et se déversent dans l’eau.
Les scientifiques ajoutent une énième hypothèse sur la provenance des sargasses, ce serait à cause du réchauffement océanique.
Vous avez été nombreux surpris de voir cet arrivage d’algues en quantité en 2011 ; vous ne vous attendiez pas à en voir autant et vous ne connaissiez pas les répercussions désastreuses aussi bien matérielles, économiques et surtout sur votre santé. Si dans l’eau, cette algue ne représente aucun danger, car elles ne sont ni allergènes ni piquantes ni venimeuses ; sur terre, elles s’échouent aux abords des plages formant un tas, séchées, dégagent un gaz H2S qui est similaire à l’odeur « d’œuf pourri ». Autant vous dire que l’odeur est très désagréable.
Certains habitants ont constaté lors de l’apparition de ces algues, la dégradation de tout objet ayant des composants électroniques (réfrigérateur, télévision, ordinateur, …) à l’intérieur de leur habitation d’ailleurs même la robinetterie n’était pas épargnée.
Également, tout matériel construit à base de fer, de cuivre, d’argent est attaqué à cause de la corrosion qui s’infiltre partout.
D’autres ont vu leur matériel professionnel se détériorer à cause de la présence des sargasses près de son activité de voilier. Un des professionnels vous délivre son témoignage dans le média - Les Observateurs -
« L’équipe municipale de la commune de Sainte-Anne a nettoyé l’une des plages de Sainte Anne, mais les sargasses ont été entassées à proximité de mon club de voile. À cause des effets néfastes, nous avons constaté au bout de quelques semaines que notre matériel nautique se détériore.
Temporairement, je peux continuer mes activités sur une autre plage pendant l’été. À la rentrée, je devrai revenir sur l’autre plage. Sachant que la nouvelle saison de voile débute en septembre, pour le moment je ne peux pas informer mes clients et futurs clients sur la possible activité ou pas. Les sargasses mettent à mal mon activité nautique ».
Émeline, gérante d’un club de voile à Sainte-Anne en Martinique.
Les restaurateurs aussi subissent et sont impuissants face à ces sargasses, qui gâchent leur quotidien et perturbe leur activité. En effet, beaucoup de restaurants sont localisés près des plages très fréquentées par les martiniquais et les touristiques. Très peu veulent venir y manger pour respirer cette odeur très désagréable.
Bien évidemment, ces échouages ont un impact sur le tourisme et l’absence de fréquentation des martiniquais, car beaucoup de plages sont impactées par ce phénomène.
Tous les professionnels impactés par les sargasses ont interpellé les élus martiniquais qui ont à leur tour informé la Ministre de l’Outre-mer en 2015 (George-Pau Langevin), de l’invasion de ces algues. Ces démarches avaient pour but d’être reconnu en tant que catastrophe naturelle, malheureusement le dossier sargasses ne répond pas aux critères définis par le Ministère de l’Intérieur. Donc les professionnels ne peuvent pas être indemnisés par leur assurance.
Et votre santé dans tout ça ? Beaucoup se sont plaints de maux de ventre, maux de tête, de nausées, baisse de la vue. Mais pas que, l’Agence Régionale de Santé de Martinique a recensé d’autres conséquences comme une irritation des yeux et des voies respiratoires.
Si vous faites partie des personnes vulnérables (personne âgée de plus de 65 ans, femme enceinte, nourrisson, jeune enfant, personnes souffrant de pathologie respiratoire, cardio-vasculaire, …) il vous est déconseillé de fréquenter les plages envahies par les sargasses.
Si vous avez des symptômes qui persistent, vous pouvez consulter votre médecin généraliste.
Sur le tableau ci-dessous, vous trouverez les recommandations sanitaires :
Source Madininair
Certaines communes en Martinique sont très impactées plus que d’autres par la présence des sargasses.
Source France-Antilles Martinique
Face à ce phénomène, les maires tentent tant bien que mal de trouver des solutions pour enlever ces algues. Le maire du Diamant a mis en action une tractopelle et une pelle hydraulique, mais face à cette invasion ces moyens semblent dérisoires.
Deux brigades ont été créées sur cette même commune en tout une vingtaine de personnes ramassent quotidiennement toutes ces algues, mais cela reste insuffisant.
Les élus locaux ne s’avouent pas vaincus, car ils essayent toujours de trouver une solution pour limiter les dégâts. C’est le cas aussi au Robert, et dans le nord atlantique comme au Marigot, où la mairie a décidé de tester deux dispositifs, l’une est fabriquée avec des cuves en plastique et de grillage, dispositif imaginé par leur propre service. Leur emplacement est stratégique car le but est de les diriger vers le front de mer où les engins pourront les retirer plus facilement.
Ce phénomène n’est à ce jour continuellement pas reconnu comme catastrophe naturelle, c’est un problème qui doit être géré par les maires.
D’ailleurs depuis 2019, sur le site de la DEAL (Direction de l’Environnement, de l’Aménagement et du Logement) de Martinique, vous avez accès au bulletin de prévision des échouages de sargasses. Un bulletin est publié en moyenne tous les 7 jours, cela vous permet d’avoir une visibilité et d’anticiper ces radeaux de sargasses.
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